Trois sandwiches au Bourget.

Avec Echenoz, l’écriture s’inscrit dans un équilibre subtil entre précision descriptive et ressenti physique de l’expérience vécue.

Sa dernière livraison : Caprice de la reine, se termine sur un texte dont l’intitulé pose d’emblée  le motif et le cadre : Trois sandwiches au Bourget. Visites attentives de cette ville de banlieue dont le nom évoque l’aviation. En arpentant les rues de la gare RER, aux bars-tabacs et leurs sandwiches au saucisson sec ou à l’ail et pourquoi pas avec des cornichons, l’auteur croise des passants inquiets ou inquiétants, des équipements délaissés. Après un premier déplacement sur place, il prépare minutieusement son deuxième : Il s’agirait cette fois de préciser le projet, sur deux points : j’ai rapidement opté pour le bar-tabac-brasserie L’Aviatic,(…) ainsi que d’autre part la nature du sandwich : j’ai choisi, sur ce point, le sandwich au saucisson.

L’auteur y retournera une troisième fois pour visiter l’église de Saint Nicolas du Bourget et approfondir sa connaissance des lieux. Jean Echenoz porte une attention particulière à ces lieux modestes qui constituent un  environnement devenu invisible aux habitants. S’il plante ce décor de banlieue gris et triste, on est en février, c’est pour s’interroger sur le statut du sandwich au saucisson. Un motif qui interroge avec un humour certain l’évolution d’une société dont les ingrédients culturels tentent de résister face à la mondialisation. Le recueil se termine sur un nom de rue à lire comme un souhait : rue de l’Egalité prolongée.

 

Aviatic-1963 Aviatic-Le Bourget sandwich Stèle épée brisée Statuaire-Le Bourget

 

Caprice de la reine, Jean Echenoz, Editions de Minuit, 128 pages, 2014.

Texte et Photos Jacques Clayssen