Le parcours « Dans les pas de Delacroix » relève d’une démarche différente des propositions précédentes. Il s’en distingue à plusieurs titres :

  • les parcours sont ici des promenades historiques aménagées au XIXème siècle
  • l’objet des promenades outre la marche réside dans l’immersion au sein de paysages arpentés par Eugène de Delacroix
  • Le peintre confronté, pour la première fois, aux montagnes s’interroge sur les représentations de ces motifs reliefs.

En 1845, Eugène Delacroix suit une cure aux Eaux-Bonnes dans les Pyrénées, pour soigner une  laryngite tuberculeuse. Des aquarelles et croquis de son séjour paraissent dispersées à travers des feuillets, alors que son carnet dit « des Pyrénées » classé « trésor national » en 2003 est acquis l’année suivante par le Louvre. Il appartient à une série de 27 albums apparus en 1864 lors de la vente de l’atelier du peintre.

Le carnet a fait l’objet d’une publication en fac-similé dans un coffret comprenant une étude savante de Marie-Pierre Salé, conservateur en chef au département des Arts graphiques du Louvre, reconnue comme une des grandes spécialistes françaises de l’art du dessin au XIXe siècle.

Ce coffret a motivé un déplacement sur place pour découvrir le cadre dans lequel Delacroix s’était promené et voir les paysages qu’il avait dessinés. L’étude de Marie-Pierre Salé documente avec précision le séjour du peintre, sa lecture satisfera tous ceux qui souhaitent approfondir le sujet. (1)

Les Eaux-Bonnes

Les Eaux-Bonnes, petite station thermale des Pyrénées-Atlantiques, a connu une vie trépidante au XIXème siècle. Delacroix s’y installe, du 22 juillet au 14 août 1845, après un éprouvant voyage en diligence depuis Bordeaux, où il a visité son frère. La station très fréquentée n’a pas encore était transformée par Mlle de Montijo, qui en épousant  Napoléon III deviendra impératrice des Français. Il faudra attendre 1861 pour que les travaux dotent les Eaux-Bonnes des équipements que nous lui connaissons aujourd’hui.

Ainsi, lorsque Delacroix s’installe, les aménagements publics sont sommaires, comme en témoigne Adolphe Moreau dans Itinéraire de Pau aux Eaux-Bonnes et aux Eaux-Chaudes édité par Vignancour à Pau en 1841 :

Au centre du Jardin Anglais, on a jeté un pont sur le torrent : ce passage sert d’entrée au Chemin Horizontal, dont la tête mène aussi à la Promenade Gramont.
Vous ne serez pas sans vous étonner de voir ce terrain auquel la nature a tout prodigué, verdure, ombrage, eau, n’être pour ainsi dire qu’un affreux cloaque, dans une partie duquel il faut marcher avec une extrême précaution. Quand on compare l’état d’abandon dans lequel on le laisse avec le soin apporté au bien-être dans les hôtels où vous logez, on a lieu d’être surpris.

Cette description donne une idée de la situation. Quand on visite les Eaux-Bonnes aujourd’hui, on l’imagine mal sans son casino, le Jardin Anglais aménagé et arboré, et l’Hôtel des Princes tels que nous le découvrons, même si ce dernier est actuellement en attente de réhabilitation.

Destination prisée, la station ossaloise accueille une colonie comme en atteste le Mémorial des Pyrénées dans son édition du 27 juillet 1845 :

« On peut voir sur la promenade Eugène Delacroix, Paul Huet, Camille Roqueplan, Pehr Wickenberg et Eugène Deveria s’embrasser cordialement et témoigner du bonheur qu’ils avaient à se revoir. »

Le chroniqueur de l’époque se garde d’évoquer le désarroi de Delacroix face aux curistes, familles en goguette qui occupent leurs journées entre soins et fêtes nocturnes. Lui qui est tracassé par ses chantiers parisiens, du Palais Bourbon et du Luxembourg comme il l’écrit à Frédéric Villot le 5 août 1845.

Les Prom’s

Seules quelques promenades offrent aux curistes de 1845 des opportunités pour marcher sur des parcours aménagés.

Eugène Delacroix les empruntera pour découvrir les panoramas et apprécier les points de fuite sur la Vallée d’Ossau :

Chacune permet de découvrir un versant de la vallée. Ces promenades toujours accessibles ne présentent pas de difficulté particulière. De la promenade Horizontale, la plus célèbre car sans dénivelé à la promenade Eynard pour découvrir le charmant belvédère dénommé Butte au trésor.

Extrait de Itinéraire de Pau aux Eaux-Bonnes et aux Eaux-Chaudes par Adolphe Moreau.

Jacques Le Gall, Maître de conférence en langue et littérature française à l’Université de Pau et des pays de l’Adour, rappelle que Delacroix, comme ses confrères peintres,  offrit une aquarelle à une loterie organisée pour financer l’aménagement de la fin de la Promenade Horizontale. On connaît par l’article paru alors dans le Mémorial des Pyrénées le nom du gagnant : M. de Plaisance. Mais on ignore le titre et le devenir de cette aquarelle. (2)

« Le pays est magnifique. C’est la montagne dans toute sa majesté. Il y a vraiment à chaque pas, à chaque détour de sentier des sites ravissants : ayez avec cela les pieds de chèvre pour escalader les montées, et vous avez la jouissance complète du pays. » lettre à Frédéric Villot-26 juillet 1845

Le peintre prend la plume le 26 juillet pour narrer à son ami Pierret son impression sur son lieu de cure :

J’ai eu toutes les difficultés du monde à me loger; on vous offre à votre arrivée des trous à ne pas mettre des animaux […] Je me suis vu d’abord ici dans un véritable guêpier. On trouve aux eaux une foule de gens qu’on ne voit jamais à Paris; et moi qui fuis les conversations, surtout les conversations oiseuses, je me voyais d’avance assassiné. Il faut donc une certaine adresse pour éluder les rencontres, et c’est fort difficile dans un endroit qui est fait comme un entonnoir et où on est par conséquent les uns sur les autres.

Dans son abondant courrier, le peintre insiste auprès de ses correspondants sur la vie animée et bruyante de personnes venues pour se soigner. Les mondanités l’insupportent. La cure, prescrite pour traiter une affection laryngée persistante, rythme ses journées.

Arrivé sous une météo clémente, son séjour connaîtra des passages pluvieux abondants. Le site l’impressionne, il voit pour la première fois des montagnes. Pics, névés, cascades, prairies, forêts, guides et autochtones mobilisent toute son attention.

« Le vrai peintre est celui chez qui l’imagination parle avant tout »
Eugène Delacroix, Journal- 12 octobre 1853

La question de la taille du panorama s’impose d’emblée : « la beauté de cette nature des Pyrénées n’est pas de celles qu’on peut espérer rendre avec la peinture d’une manière heureuse. Tout cela est trop gigantesque et on ne sait par où commencer au milieu de ces masses et de ces multitudes de détails. » lettre à Gaultron-5 août 1845

Le folklore des vêtements locaux, les us et coutumes pyrénéennes retiennent son intérêt, il apprécie les vêtements des femmes. Il croque des figures, des détails vestimentaires, des attitudes, autant d’instantanés du quotidien dont le carnet témoigne.

Il marche à l’écart de la foule des curistes qu’il fuit. Il prend un guide, s’installe avec son carnet, ses crayons dans les sous-bois, face aux cascades et esquisse des vues cadrées sur lesquelles il note en clair les couleurs de référence. Dominante des variétés de vert. Dans sa chambre d’hôtel, il ajoute des rehauts d’aquarelle. Le papier du carnet supporte la transparence de l’aquarelle, jamais de gouache qui « bouche ». La dilution à l’eau, de cette peinture facile à mettre en oeuvre en déplacement, lui convient pour réaliser les esquisses auxquelles il pourra de retour dans son atelier parisien se référer pour les grandes toiles et les décors.
La méthode de travail de Delacroix se divise en deux phases distinctes : il réalise in situ des dessins qu’il annote pour préciser les couleurs ou des détails; ensuite, de retour dans son atelier parisien il recompose le paysage en donnant à sa mémoire et son imagination la place nécessaire pour ne pas recopier la nature comme le fait la photographie et les peintres dont il critique la pratique.

Dès son arrivée sur place, Delacroix écrit des lettres dans lesquelles il ne manque pas de manifester son enthousiasme pour le site :

« La nature est ici très belle ; on est jusqu’au cou dans les montagnes et les effets en sont magnifiques”  lettre à L. Riesener, le 25 juillet.

La montagne a longtemps inspiré la crainte, comme l’a montré Alain Corbin dans « Une Histoire du silence » (3) et l’on trouve de nombreux témoignages de cette «orophobie » dans la peinture, la cantonnant à l’arrière-plan, en fond de décor, malgré son caractère imposant. Il faudra attendre le milieu du XVIIIe siècle, lorsque des hommes plus téméraires  s’aventureront sur les sommets et en reviendront enthousiastes, pour que la montagne devienne un thème pictural de premier plan.

La photographie n’est pas étrangère à l’intérêt suscité par ces motifs reliefs. On connaît la curiosité de la Delacroix pour la photographie. Parmi les premiers inscrits à la Société Française de Photographie, il reste défiant envers des pratiques et des usages de la photo. Mais il est convaincu par son aspect « aide-mémoire ». La photographie permettra dès ses débuts de montrer au public des sujets qu’ils découvriront pour la première fois. Dans le contexte de l’époque peu de personnes avaient eu l’occasion de découvrir les montagnes et leurs sommets.

« Les tableaux de M. Delacroix, cette année, sont, comme nous le disions, des esquisses, mot qui éveille mal à propos l’idée d’une ébauche à terminer. Ce n’est pas ainsi qu’on doit l’entendre : dans ces petites toiles se rencontre tout ce que l’auteur a cherché, une impression vive, un effet juste et saisissant. Francis Wey “Salon de 1847 (3e article)”, Le Courrier français, 11 avril 1847

 

Delacroix et la photographie

« Jusqu’ici, cet art à la machine ne nous rendu qu’un détestable service il nous gâte les chefs d’oeuvre, sans nous satisfaire complètement. » Delacroix-Journal, 1853

Eugène Durieu est une figure marquante des débuts de la photographie en France. Il participe activement à la mise en place de la Mission héliographique. Il s’implique aussi dans la Société héliographiqueet il est le premier président de la Société française de photographie,  fondée le .  La même année, sa collaboration avec Eugène Delacroix est un fait acquis. Il réalisa sur les indications du peintre une série de photographies de modèles nus.

Sans préjuger des rivalités entre peinture et photographie, Delacroix se documente et s’intéresse de près à l’essor de la photographie. Il était réticent dans son rapport à l’image photographique, on sait qu’il demanda, sans succès,  la destruction de ses portraits photographiques qui ne répondait pas à sa conception de la représentation. « Je suis effrayé du résultat, c’est une triste effigie, au nom du ciel ne laissez pas subsister le résultat de ce moment-ci » écrit-il à Nadar, à propos du portrait ci-dessous.

Nadar, portrait Eugène Delacroix-1858, papier salé,

Pour sa documentation personnelle, il collectionne des reproductions d’œuvres d’art.  Il note dans son Journal le 1er septembre 1859 : « les photographies qui saisissent davantage sont celles où l’imperfection même du procédé pour rendre d’une manière absolue laisse certaines lacunes, certains repos pour l’oeil ». S’il ne pratique pas lui-même la photo, il confie à Durieu la réalisation des clichés.  Il définit pour cela un cahier des charges lui permettant d’obtenir des photos « vagues » dépouillées de tous les attributs pittoresques qui ornaient les images commerciales, très en vogue dans les ateliers de peintre.

Son correspondant d’Arras, le peintre Constant Dutilleux nous livre un précieux témoignage sur les séances de prises de vue qu’organisait Delacroix :

« Je possède un album composé de poses de modèles, hommes et femmes, qui furent indiquées par lui, saisies sous ses yeux par l’objectif… Phénomène incroyable! Le choix de la nature, l’attitude, la distribution de la lumière, la torsion des membres sont si singuliers, si voulus qu’on dirait de beaucoup de ces épreuves qu’elles ont été prises d’après les originaux du même maître. L’artiste est en quelque sorte souverain maître de la machine et de la matière. Le rayonnement de l’idéal qu’il portait en lui transformait en héros vaincus et rêveurs, nymphes nerveuses et pantelantes des modèles à 3 francs la séance. »
Notes de Constant Dutilleux, papiers Burty-Paris-Bibliothèque Doucet-Institut d’art et d’archéologie.

Nu féminin sur un divan, E.Durieu-1854

Delacroix, Odalisque-1857

En 1853, dans les colonnes de La Lumière, le rédacteur en chef Ernest Lacan tente « trois esquisses physiologiques » du photographe : « le photographe proprement dit », c’est le professionnel, qui produit « les images fidèles d’un gendarme, d’une première communiante, d’un monsieur de qualité douteuse, de deux ou trois familles groupées tendrement, le sourire aux lèvres, dans des attitudes plus ou moins gracieuses et engageantes ». « Le photographe artiste est celui qui, ayant consacré sa vie à l’étude d’un art, comme la peinture, l’architecture, la gravure, etc., a vu dans la photographie un moyen nouveau de traduire ses impressions, d’imiter la nature dans sa poésie, sa richesse et sa beauté, et de reproduire les chefs-d’œuvre que le génie humain a semé sur terre ». « Le photographe amateur, pour nous, c’est l’homme qui, par amour de l’art, s’est passionné pour la photographie, comme il se serait passionné pour la peinture, la sculpture ou la musique, qui en a fait une étude sérieuse, raisonnée, intelligente ».  Textes réunis par le Musée français de la photographie de Bièvres.

La querelle du paragone 2.0.

Marco Collareta, professeur d’Histoire de l’art à l’Université de Pise, décrit l’origine de ce conflit entre les arts dans un article intitulé  : Nouvelles études sur le paragone entre les arts. (4)

[Le mot italien paragone est entré en force dans le langage de la critique d’art moderne à partir de 1817. Cette année-là, lorsque Guglielmo Manzi fit imprimer pour la première fois le Trattato della pittura de Léonard de Vinci tel qu’il nous a été transmis par le Codex Vaticanus Urbinas 1270, il intitula la première partie de ce texte capital « Paragone di pittura, poesia, musica e scultura », partie consacrée justement à une comparaison systématique entre la peinture et les autres arts. Il n’est pas difficile de déceler, dans un tel choix éditorial, l’ombre portée d’une branche de la philosophie encore très récente à l’époque, à savoir l’esthétique. La conception de l’art qu’elle tentait alors d’élucider reposait sur une classification rigoureuse des différentes disciplines artistiques…] Marco Collareta

Le terme paragone  (comparer) désigne dans ce cas un exercice de comparaison des arts, dans lequel les protagonistes débattent des attributs de leur art.

Eugène Delacroix bénéficie des connaissances scientifiques du XIXème siècle riche de découvertes : des traités des couleurs, en 1864, Eugène Chevreul publie Des couleurs et de leurs applications aux arts industriels, livre dans lequel il répertorie 14400 tonalités chromatiques des colorants naturels ou artificiels à la photographie dont les optiques et la chimie évoluent constamment, en passant par la mise sur le marché des tubes de peinture à bouchon vissé.

M. E. Chevreul The Principles of Harmony and Contrast of Colours London, 1860

Delacroix dans son Journal évoque à plusieurs reprises les différences entre les arts, comparant la peinture aux autres expressions artistiques :

La peinture, entre autres avantages, a celui d’être plus discrète : le tableau le plus gigantesque se voit en un instant. Si les parties qu’il renferme ou certaines parties attirent l’admiration, à la bonne heure : on peut s’y complaire, plus longtemps même que sur un morceau de musique. Mais si le morceau vous paraît médiocre, il suffit de tourner la tête pour échapper à l’ennui… – 11 mars 1849

Vous voyez votre tableau d’un coup d’oeil; dans votre manuscrit, vous ne voyez pas même la page entière, c’est-à-dire, vous ne pouvez pas l’embrasser tout entière par l’esprit… – 21 juillet 1850

De nombreuses citations du Journal de Delacroix sont recensées et étudiés par Hubert Damish dans La peinture en écharpe (5)

Mais Delacroix n’ignorait pas que la photographie s’inscrivait dans l’esprit de ses contemporains en concurrente de la peinture. Selon  Gaston Tissandier qui rapporte l’anecdote dans Les Merveilles de la photographie, Paris, 1874, p. 62 : « Paul Delaroche a vu Daguerre, il lui a arraché des mains une plaque impressionnée par la lumière. Il la montre partout en s’écriant : “La peinture est morte à dater de ce jour”. » Même si la phrase ne fut probablement pas prononcée telle quelle, elle reflète une inquiétude répandue dans les milieux artistiques dès 1839.  

Mais la montagne résiste à sa représentation, il écrit à Frédéric Villot, le 5 août 1845 : « J’admire par moments mais je ne peux rien en faire. D’abord le gigantesque de tout cela déconcerte. Il n’y a pas de papier assez grand pour donner l’idée des masses et les détails sont si nombreux qu’il n’est pas de patience qui puisse en triompher. »

Le peintre retient deux points de résistance, le rapport de taille et par conséquence la taille du carnet (12,5×20,3) inappropriée, à ce premier point technique s’ajoute le temps, non pas du séjour mais d’exécution pour restituer les détails. La patience la plus extrême n’y suffirait pas.

La photographie permettra de dépasser ces deux obstacles. La taille des chambres photographiques emportées pour les prises de vue montagnardes autorisent de grands tirages avec un luxe de détails que le progrès des optiques rend avec précision. Mais à cette même époque  les photographes utilisent le collodion humide. Ils doivent emporter un laboratoire ambulant pour le développement des plaques sur place.  Les photographes se devaient d’être tout à la fois de solide montagnard et des photographes motivés car ils partaient en expédition avec environ deux cent cinquante kilos de matériel.

 » Une photographie est toujours plus saisissante qu’une description, si complète et si détaillée qu’elle soit : elle apporte au débat un témoignage d’une valeur incontestable ; fixe l’histoire si intéressante des torrents et des travaux de toute sorte qu’on y exécute ; fournit le moyen de conserver la physionomie vraie de la montagne aux diverses phases de sa restauration. »  écrivent Fabien Benardeau et Henri Labbé,  dans leur Notice sur le rôle et l’emploi de la photographie dans le service du reboisement, en 1886.

L’histoire de la photographie pyrénéenne a retenu le nom de Paul Jeuffrain, qui en 1850 réalise le premier cliché à Cauterets.  Mais cette première image n’a pas été conservée. Ce sera donc à un anglais installé à Pau, dès 1853, que reviendra le titre d’inventeur de la photographie dans les Pyrénées. Son nom : Farnham Maxwell-Lyte. Il a ouvert la voie à de nombreux photographes dont Eugène Trutat qui photographiera la montagne de 1880 à 1920.

Pyrénées, par Maxwell-Lyte, 1860

L’aquarelle et la photo constituent deux aide-mémoires , des « traces » qui permettront au peintre de s’y référer dans ses peintures.

Les carnets d’aquarelle ou de dessin requiert un temps de présence et d’observation long. Une présence sur le site et une habileté manuelle. Il s’agit moins dans l’usage actuel d’une réalisation artistique finalisée que d’aide-mémoires. De nombreux adeptes perpétuent cette tradition bien vivante malgré la déferlante de pratiques photographiques. On observe différentes variantes parmi les usagers de la prise de vues, du travail à la chambre photographique au smartphone en passant par toutes les déclinaisons de l’argentique au numérique. Le temps raccourci, le savoir-faire technique relayé par les automatismes offrent à tout un chacun le loisir de s’adonner sans limite à la photo « souvenir ». Quant aux références esthétiques, elles se résument soit à l’auto-référence soit à des emprunts aux codes de la peinture.

Denis Diderot s’interroge et répond à la question « Pourquoi une belle esquisse nous plaît-elle plus qu’un beau tableau? C’est qu’il y a plus de vie, moins de forme. A mesure qu’on introduit les formes, la vie disparaît… » Salon de 1767

Les Eaux-Bonnes Pratique

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Notes :

Delacroix interrompt la rédaction de son Journal durant cette période, seuls les échanges épistolaires documentent son séjour.

(1) Eugène Delacroix- Carnet « des Pyrénées »- 2 volumes : fac-similé et étude de Marie-Pierre Salé sous coffret- Louvre éditions-2016

(2) in la Revue Pyrénées publie dans le n°268, octobre 2016 un article signé Jacques Le Gall : Quand Eugène Delacroix dessinait et peignait en vallée d’Ossau qui analyse la composition du carnet et éclaire le séjour de Delacroix avec des références érudites. A commander à : revue Pyrénées- B.P. 204 – 64002 Pau Cedex

(3) Alain Corbin, Histoire du silence : de la Renaissance à nos jours. éd Albin Michel 2016

(4)  Perspective, 1 | 2015, 153-160.

(5) Hubert Damish- La peinture en écharpe. éd. Klincksieck 2010

A propos du voyage au Maroc en 1832, consulter :

https://amadalamazigh.press.ma/fr/le-periple-artistique-deugene-delacroix-au-maghreb/

https://citadelles-mazenod.com/product/carnets-de-voyage-au-maghreb-et-en-andalousie-eugene-delacroix/

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