Nouvelles CuRieuSes ou sinGulièReS des Cartier-Bresson: épisodes de la saga familiale entre Pantin et Le Bourget
En 1859, l’implantation à ce qui correspond de nos jours au 128 avenue Jean-Jaurès, à Pantin, des usines de la « Société Française des Cotons à Coudre », avec dépôt de la marque « CB à la Croix » impactera durablement l’urbanisme du quartier. L’usine occupe alors 14 000m² de terrain et emploie 450 personnes.
A l’époque, l’entreprise Cartier-Bresson a fortement contribué au développement du nouveau quartier des Quatre Chemins, éloigné et séparé du reste de la commune de Pantin par le canal et les voies de chemin de fer. La famille Cartier-Bresson donnera un conseiller municipal bonapartiste à la ville comme en atteste une plaque de rue. La tristement célèbre rue du chemin vert devient ainsi la rue Cartier-Bresson.
Rue qui aura le triste privilège de voir partir du numéro 100 le dernier convoi de déportés de la région parisienne vers les camps de concentration, le 15 août 1944.
L’héritier le plus connu de la famille sera le photographe Henri Cartier-Bresson. Dans sa jeunesse son père lui a dit : Tu feras ce que tu voudras mais tu ne seras pas un fils à papa. Tu auras les revenus de ta dot pour financer les études de ton choix. Quoi que tu fasses, fais-le bien. Le jeune Henri décide donc de voler de ses propres ailes. A 21 ans, il est tenté par le pilotage alors qu’il effectue son service militaire au Bourget. Sur l’aéroport, il rencontre un couple de riches américains, les Crosby qui vont l’introduire dans les cercles artistico- intellectuels de l’époque. Il fera ainsi la connaissance de photographes amateurs, les époux Gretchen et Peter Powel qui vont l’initier à la photographie. Rencontre décisive à plus d’un titre, qui verra naître l’homme et le photographe. Gretchen deviendra l’amante d’Henri. Elle est de dix ans son aînée. Comme il doit admettre qu’il s’agit d’une passion sans issue, Henri part en Afrique pour oublier la séduisante Gretchen.
En 1943, Nancy et Beaumont Newhall du Museum of Modern Art de New York (MoMA), pensant qu’Henri Cartier-Bresson avait disparu pendant la guerre, préparaient une exposition « posthume » de son travail. Cartier-Bresson, qui s’était évadé et avait obtenu de faux papiers, apprit cette nouvelle avec plaisir en 1945. Il entreprit alors un bilan de son œuvre préparatoire à l’exposition.
Henri fonde en 1947 la célèbre agence Magnum avec ses amis Robert Capa et David Seymour, Trois ans plus tard, le 5 juin 1950, son père André Cartier-Bresson, Vice-Président de la société « Julien Thiriez Père et Fils et Cartier-Bresson », prend sa retraite.
texte et Photos Jacques Clayssen