Paysageur, nouvel acteur du paysage

Annoncé conjointement à travers une campagne de crowdfunding et sur les réseaux sociaux, le n°1  de la revue semestrielle Paysageur est disponible, à compter de la première semaine d’avril, depuis son lancement à la librairie Volume à Paris.

Avec pour thème [Puissants paysages], la revue s’impose avec dynamisme dans un environnement porté par l’intérêt du public pour la marche. Niche commerciale qui est moins le sujet que le paysage comme le néologisme paysageur le laisse astucieusement comprendre. Construit sur le modèle voyage/voyageur, paysage/paysageur se définit par un surtitre « Une revue qui pense avec les pieds » -expression chère à Démarches.

La première occurrence de ce néologisme est repérable en 2001 : Paysageur, ouvrage collectif autour de la peinture de Christian Gardair, accompagné de la publication d’un poème de Maud Thiria, qui débute par une phrase qui aurait pu servir d’exergue à la revue: Être du paysage comme l’on est du voyage. Puis en 2015 deuxième apparition en titre de l’ouvrage de Maud Cooper : Le paysageur et les fantômes d existence.

Les intentions affichées dans la présentation du projet :

-Paysageur s’attache à raconter les paysages à travers la marche. La revue invite ses lecteurs à explorer des territoires, sauvages ou habités. L’esprit nomade anime Paysageur et ses fondateurs Claire Fau et Maxime Lancien qui entendent mêler la marche au journalisme et explorer le paysage à travers la photographie, l’illustration, la littérature, la botanique, l’anthropologie, etc.-

Une transversalité que l’on retrouve chez les contributeurs dont les parcours, principalement, universitaires et les origines géographiques garantissent une diversité des sujets et de leur traitement.

Ce premier numéro, abondamment illustré, se présente dans un format (23,5×16, 5) facilement nomade. La tranche carré-collé, le choix de papiers de qualité, l’un à grain pour l’ensemble de la revue, l’autre bistre satiné pour un encart de petite taille dans le portfolio photographique démontrent le soin apporté à la publication.

La maquette élégante s’adapte aux sujets sans rompre la ligne graphique. La variété des typos et des encadrés confèrent un aspect agréable à l’ensemble.

Le thème Puissants paysages pour ce premier numéro est défini par des contributeurs sollicités par mails. Les interprétations varient sur la compréhension du thème. Puissance du paysage pour Jean-Luc Chapin, un puissant paysage pour Gilles Clément et Jérémy Van der Haegen.

Le sommaire varie les sources et les approches, republication d’un texte de Eric McCormack sur une expérience chamanique d’intégration à la nature. Portfolios photographiques, enquêtes, interviews se succèdent avec une préoccupation prépondérante pour les atteintes à l’intégrité des territoires. De Monsanto à la Toundra, le panorama des puissants paysages se focalise sur la puissance nuisible des décisions politiques d’aménagement. Les points de vue urbanistiques, socio-économiques et scientifiques confirment un prisme de lecture engagé contre les altérations, les atteintes et les dégradations d’une société qui ne prend pas soin de son cadre de vie.

Yoann Morvan précise dans son interview une position radicale à l’égard de la marche « Aujourd’hui, il existe une prolifération de livres sur la marche mais je reste assez stoïque par rapport à cet engouement. C’est une pratique simple pour moi et je pense a priori ne pas écrire sur le sujet. » Il sera donc question de paysages.

On notera l’absence de cartes pour tracer des sentiers de connaissance (sur le site, une carte de la Plaine du Var est présentée), le numéro 2 abordera le thème des [Insaisissables paysages]. Question de l’aporie du paysage, dont on pourra lire avec intérêt le texte intitulé Le paysage en politique

Le paysageur n’est pas un touriste dilettante, mais un témoin conscient de son environnement.