Brancusi de pied ferme à Paris

A l’occasion de l’exposition Brancusi au Centre Georges Pompidou jusqu’au 1er juillet 2024, son périple à pied de Hobita, son village natal en Roumanie jusqu’à Paris où il arrive en 1904, introduit le célèbre sculpteur dans l’histoire des marcheurs, même si ce voyage n’est pas particulièrement documenté.

Né en 1876 en Roumanie, installé à Paris de 1904 à sa mort en 1957, son périple fait l’objet de différentes descriptions. Légende fondée sur le fait avéré que Constantin Brancusi arrive de Roumanie et s’installe à Paris, après un périple de 18 mois.

Constantin Brancusi raconte à propos de son enfance roumaine « Je suis parti quand j’avais 10ans, à pied, de Hobita. Mon père était un chef de famille avec des domestiques dans la cour. A Craiove, j’étais garçon de magasin au restaurant Spirtaru, en face de la gare. J’y suis resté six ans et j’ai travaillé 18 heures par jour…« 

Voulant compléter sa formation à Paris, il part à pied en 1903, il a alors 27 ans et enrage du désintérêt pour son travail. Après avoir salué sa mère à Hobița, il part pour Budapest, ensuite il fait étape à Vienne où il travaille dans un atelier en tant que décorateur de meubles et visite des musées de la ville, se familiarisant avec la sculpture égyptienne antique qui influencera ses œuvres futures, puis à Munich  où il s’inscrit à l‘Académie Royale des Beaux-Arts; après être passé par la Bavière et la Suisse. Durant cette période il travaille comme infirmier pour subvenir à ses besoins. A noter qu’en Suisse, près de Bâle, il est souffre d’une pneumonie, il sera hospitalisé durant 6 mois dans une maternité. Rétabli, il termine son périple en train jusqu’à Paris où il travaille d’abord comme laveur de verres à la taverne Moilard. Son périple aura duré un an et demi.

En 1907, il quitte l’atelier de Rodin, constatant dans une formule devenue célèbre que “Il ne pousse rien à l’ombre des grands arbres“. Formé dans les ateliers de sculpteurs célèbres comme Antonin Mercier et Auguste Rodin, Brancuși rompt avec les pratiques de ses maîtres, il développe une approche différente de la créativité, ainsi qu’une forme plastique qui ouvre à l’art du XXe siècle un renouveau en rupture avec une tradition pesante.

En 1938, le sculpteur désormais reconnu se rend dans son pays pour diriger l’installation de la Table du Silence à Targu Jiu, ce sera sa dernière visite en Roumanie.

Marche pour une démarche

L’écrivain Laurian Stănchescu entreprend, en 2011, un parcours pédestre sur les pas de Brancusi pour demander au Président Français le rapatriement de la dépouille de Brancusi en Roumanie.

[Comme Constantin Brancusi naguère, Laurian Stănchescu est parti pour Paris à pied… depuis la Roumanie. Le sculpteur roumain était venu rencontrer Rodin. L’écrivain, lui, parcourra 2 000 kilomètres pour remettre à Nicolas Sarkozy une supplique demandant le rapatriement de la dépouille du créateur en Roumanie. Sur son lit de mort, l’artiste avait dit à l’évêque Theophil Ionescu qu’il voulait être enterré dans son village natal, indique la lettre signée par les descendants de Brancusi. Décédé en 1957, le sculpteur n’est retourné dans son pays que pour de brefs séjours. Sentant sa fin venir, il avait fait don de toute son œuvre à l’Etat roumain, mais l’Académie, sous la houlette de l’écrivain Mihail Sadoveanu, avait décrété que son travail n’avait pas sa place au sein du patrimoine national. Le créateur renié fit don de l’intégralité de son atelier à l’Etat français.]
Adevarul, Bucarest in Courrier International – 11 juillet 2011 

Constantin Brancusi est enterré  avec Natalia Dumitresco et Alexandre Istrati, au cimetière du Montparnasse, division 18

En 1947, la venue à Paris de Natalia Dumitresco, qui s’est formée à l’Académie des beaux-arts de Bucarest, où elle a épousé en 1939 le sculpteur Alexandre Istrati, est doublement déterminante. Voisine de Brancusi, dont elle devient l’amie, et, ainsi que son mari, la légataire universelle, elle participe étroitement à la reconnaissance institutionnelle du sculpteur, avec, notamment, la publication en 1986 d’une importante monographie sur Brancusi.

Natalia Dumitresco partage une tombe au cimetière du Montparnasse avec Constantin Brancuși et Alexandre Istrati, symbolisant ainsi leur union artistique et personnelle indéfectible. Leur sépulture commune est un hommage à leur collaboration et à leur vie partagée, dédiées à l’art et à l’amitié.

Brancusi attendra quarante-huit ans avant d’être naturalisé français en 1952, il décèdera quelques années plus tard en 1957.

Le film Walking to Paris de Peter Greenaway

Ce voyage mouvementé est devenu une partie intégrante de la légende de Brancusi, que le réalisateur Peter Greenaway immortalise dans un film intitulé Walking to Paris (2016).

Walking to Paris est un film réalisé de 2015 à 2017 par Peter Greenaway. Il est consacré au périple de dix-huit mois à travers l’Europe, de Constantin Brancuși, au début du xxe siècle. Le film n’est pas un documentaire, ni réellement un film biographique, mais une fiction imaginée par le réalisateur britannique à partir d’un fait réel dont on ne connaît quasiment aucun détail. La sortie en salle était initialement prévue en 2020.

Points clés du film :

1. Biopic Artiste : Le film est un biopic qui explore les débuts et la détermination de Brancusi, offrant un aperçu de sa jeunesse et des défis qu’il a dû surmonter pour réaliser ses ambitions artistiques.

2. Narration Visuelle : Fidèle à son style caractéristique, Greenaway utilise une riche imagerie visuelle pour capturer les paysages et les expériences de Brancusi au cours de son voyage. Le film met en avant des éléments de la nature et des environnements ruraux et urbains traversés par l’artiste.

3. Thèmes : « Walking to Paris » explore des thèmes tels que la persévérance, la quête de soi, et le rapport de l’artiste avec le monde qui l’entoure. Le voyage à pied devient une métaphore de la quête artistique et personnelle de Brancusi.

4. Esthétique : Le film est reconnu pour son esthétique soignée et sa cinématographie, caractéristiques du travail de Greenaway. Les scènes sont souvent composées comme des tableaux vivants, reflétant l’œil artistique du réalisateur.

5. Histoire et Fiction : Bien que basé sur des événements réels, le film prend des libertés artistiques pour dramatiser et enrichir l’histoire, mêlant faits historiques et éléments fictifs pour offrir une narration captivante.

« Walking to Paris » de Peter Greenaway est ainsi une œuvre cinématographique qui non seulement célèbre un chapitre important de la vie de Constantin Brancusi, mais aussi une réflexion sur l’art, la création et la transformation personnelle à travers le voyage et l’expérience directe du monde.

sources : Libération, Konbini, Courrier International, Le Coin des Arts, wikipedia, Aware, Google maps, ChatGPT

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