Attaques urbaines contre les jardins autogérés

Encore un Jardin condamné à la destruction en vue de la construction d’un éco-quartier. Le mot valise magique des aménageurs-nettoyeurs garants de l’ordre urbain.

Le jardin des ronces- Nantes

Derrière la dénomination éco-quartier, la ville vend de l’artificialisation des terrains urbains échappant à son contrôle.

Les services municipaux  souvent en phase avec une majorité de la population, ne peuvent envisager des friches urbaines autrement qu’en espace à aménager. L’été naturel, perçu comme sauvage, est perçu comme un lieu abandonné et/ou comme une zone à risques.

Sur l’île de Nantes les aménagements du quai des Antilles ont transformé l’ancienne friche portuaire en lieu d’animations aménagé. Ainsi depuis 2007, les visiteurs se réjouissent d’y découvrir la Loire, comme si avant cette date le fleuve ne coulait pas le long de ce quai livré à lui-même, sauvage et désordonné.

Les aménageurs souhaitant valoriser leur projet sur le mode éco-compatible ont sanctuarisé le square de l’île Mabon soit 2 700 m2 sur une superficie totale de 337 hectares. Alexandre Chemetoff le présentait dans son Plan-guide d’aménagement de l’île comme : « … un lieu paradoxal naturel et artificiel, un lieu d’observation scientifique, un lieu dans lequel une méthode d’entretien est expérimentée. »

Depuis Nantes a été élue Capitale verte de l’Europe en 2013, au prix d’acrobatie dans la présentation du dossier de candidature. Fort de cette reconnaissance, la Métropole verdit ses projets.

Prochaine cible de cette mise en ordre contrôlée: le Jardin des Ronces

Vue d’ensemble du jardin des Ronces, Nantes. Photo : alimentation-generale.fr

La communication de Nantes Métropole

À l’est de Nantes, sur un territoire Doulonnais historiquement maraîcher et cheminot, le projet Doulon-Gohards, à l’image des valeurs du quartier, dessine les contours d’une ville à la fois écologique, plus sociale et plus solidaire. Ici, Nantes Métropole va construire un projet de faubourg, durable et accessible à toutes et tous. Un quartier co-construit, à la vocation à la fois urbaine et agricole unique, qui s’inscrit dans l’étoile verte nantaise.

Le square de l’île Mabon

Les intentions d’Alexandre Chemetoff

Les jardiniers accompagnent le développement du jardin sans arracher et sans planter de végétaux. Les branchages et les feuilles mortes sont laissés sur place, aucun arrosage n’est pratiqué. Tous les végétaux croissent librement, seuls les détritus ont été enlevés. Les relevés effectués après cours des années 2004 et 2005 constituent des points de repères pour mesurer d’année en année, saison après saison, la transformation du jardin, à la fois semblable et différent. C’est un lieu paradoxal naturel et artificiel, un lieu d’observation scientifique, un lieu dans lequel une méthode d’entretien est expérimentée.

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C’est un lieu paradoxal naturel et artificiel, un lieu d’observation scientifique, un lieu dans lequel une méthode d’entretien est expérimentée.

Dans cet espace réaménagé en square depuis 2005, aucune nouvelle plantation… si ce ne sont les végétaux qui s’y sont développés naturellement. Sur cette friche industrielle (ancienne usine Alstom), la végétation évolue. Au fil du temps, certaines espèces apparaissent et d’autres disparaissent. Expérience dont les services de la métropole semblent n’avoir tiré aucun enseignement.

Pour info sur l’état du projet de destruction du Jardin des Ronces

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/esprit-d-initiative/esprit-d-initiative-du-jeudi-17-novembre-2022-4906070

Pour mesurer les relations des habitants à la parcelle concernée

https://reporterre.net/A-Nantes-un-jardin-autogere-rejouit-enfants-et-habitants